Le Teff, une céréale aux racines millénaires

 

Nichée dans la Corne de l'Afrique, l'Éthiopie est un pays au patrimoine agricole millénaire. Terre de diversité, elle abrite une mosaïque d’ethnies, de cultures et de paysages où l’agriculture joue un rôle central. Parmi les trésors agricoles de l’Éthiopie, le teff occupe une place unique. Cultivée depuis plus de 3 000 ans, cette céréale endémique est la base de l’alimentation éthiopienne et un pilier de son identité culturelle. Pourtant, entre traditions ancestrales et défis modernes, sa récolte se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.

 

Au coeur d’une agriculture modelée par le climat et la diversité ethnique

L’Éthiopie possède une géographie et un climat très variés, influençant profondément ses pratiques agricoles. Le pays se divise en trois grandes zones climatiques :

  • Les hauts plateaux (1 500 à 3 000 m d’altitude) : régions fertiles où se cultive le teff, ainsi que le blé, l’orge et le café.

  • Les zones semi-arides et basses terres : propices à l’élevage et aux cultures de sorgho et de maïs.

  • Les régions tropicales du Sud : favorables aux cultures comme la banane, la canne à sucre et le café arabica, dont l’Éthiopie est le berceau.

Avec plus de 80 groupes ethniques, l’agriculture en Éthiopie est intimement liée aux traditions de chaque communauté. Les Oromo, Amhara, Tigréens et autres peuples éthiopiens ont développé au fil des siècles des savoir-faire agricoles adaptés à leurs environnements respectifs.

 

Teff, une graine enracinée dans l’histoire et l’identité éthiopienne

Cultivé depuis plus de 3 000 ans sur les hauts plateaux éthiopiens, le teff est bien plus qu’une simple céréale : il incarne une tradition, un savoir-faire et une identité profondément ancrés dans l’histoire du pays. Cette petite graine aux qualités nutritives exceptionnelles est au cœur de l’alimentation éthiopienne, notamment à travers l’injera, une galette fermentée incontournable dans les repas quotidiens. Mais au-delà de son rôle gastronomique, le teff témoigne d’une relation unique entre les agriculteurs et leur terre, façonnée par des siècles de pratiques agricoles adaptées aux particularités climatiques de la région.

 

Un savoir-faire ancestral toujours d’actualité

La culture du teff suit un cycle précis, dicté par le rythme des saisons et des savoirs transmis de génération en génération. La récolte est principalement manuelle : les agriculteurs coupent les tiges à la faucille avant de les laisser sécher au soleil. Le battage se fait ensuite par foulage, où les épis sont écrasés sous les sabots des bœufs pour séparer le grain de la paille. Enfin, le tri est réalisé à la main à l’aide de tamis artisanaux, garantissant une qualité exceptionnelle mais au prix d’un travail minutieux et fastidieux.

Si ces méthodes permettent de préserver une agriculture à échelle humaine, elles limitent néanmoins la productivité. En moyenne, le rendement du teff plafonne à 1,8 tonne par hectare, alors que son potentiel peut atteindre 3,2 tonnes. De plus, le battage au sol entraîne fréquemment une contamination du grain par du sable, réduisant sa qualité. Enfin, la dépendance aux animaux de trait ralentit les récoltes et restreint les surfaces cultivables, freinant ainsi l’expansion de la production.

 

La transition vers une agriculture plus efficiente

Face à ces défis, l’Éthiopie explore de nouvelles stratégies pour améliorer la culture du teff tout en respectant son héritage agricole. Plusieurs pistes sont actuellement en développement :

  • Mécanisation progressive : des moissonneuses adaptées aux petites exploitations sont introduites afin d’accélérer la récolte et réduire les pertes.

  • Sélection de variétés améliorées : des recherches sont menées pour identifier des variétés plus résistantes et plus productives.

  • Techniques de transplantation : une nouvelle méthode permet de réduire la quantité de semences nécessaires tout en augmentant les rendements, apportant une solution durable aux agriculteurs.

 

Le teff représente bien plus qu’une simple culture : il est une pierre angulaire de l’identité agricole et culturelle éthiopienne. Alors que la demande pour cette céréale ne cesse de croître, tant au niveau national qu’international, le défi réside dans la capacité à conjuguer respect des traditions et modernisation des pratiques.

 
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