Les rencontres internationales des semences paysannes

 

La doctorante de l’association, Charlotte Secco, a été invitée à participer aux rencontres internationales des semences paysannes organisées par le Réseau Semences Paysannes, l’association Sol, le network Let’s Liberate Diversity et la Maison des Semences Paysannes Maralpines. Après deux jours dans une ferme en Ligurie (Italie), trois jours d’ateliers et de conférences étaient organisés à Antibes. Plus de 300 personnes venus de 60 pays des 5 continents étaient présentes pour

 

Alors que la diversité des cultures s’amenuise et que les conditions environnementales

se détériorent, cet évènement avait pour objectif de rassembler des paysans et des paysannes du

monde entier afin de partager leurs savoirs et de réfléchir ensemble aux enjeux de préservation, de

multiplication et de circulation des semences paysannes.

Vergers du monde croit en la pertinence des savoirs écologiques paysans d’ici et d’ailleurs comme

moyens d’adaptation au dérèglement climatique. Les semences paysannes font également partie des

réponses aux défis environnementaux et sociaux actuels.

Ainsi, et comme cela a été dit lors de la cérémonie d’ouverture à Antibes, « Il faut traverser les frontières et aller les uns vers les autres ». C’était le message de cet

évènement : sans migration humaine et végétale, notre alimentation serait radicalement différente

et notre biodiversité bien moins riche. Alors que le contexte actuel prône d’avantage une fermeture

des frontières et montre un désir d’endogamie, ces quelques jours prônaient l’ouverture, l’échange et la réciprocité.

 

En photo : graines et cultures du Jardin des Thorains

Les ateliers organisés ont abordé des problématiques bien spécifiques au monde paysan avec pour but de bénéficier de l’intelligence collective afin de trouver des solutions concrètes. Par exemple, dans l’atelier « un machinisme paysan pour des semences paysannes » organisé par l’Atelier Paysan, a été abordée la question du matériel agricole, de son accessibilité mais également de son adaptabilité aux semence paysannes. Chaque personne présente a pu exposer ses problématiques liées aux semences et a pu bénéficier des retours d’expériences des personnes présentes venues d’horizon différentes. Est ressorti de cet échange la nécessité d’avoir accès aux différentes technologies, de les mutualiser mais aussi de faire circuler les savoirs et les techniques pour que chacun puisse se les approprier. L’échange de savoirs à l’international a été mis en avant dans la « traque à l’innovation » : « On a besoin de s’inspirer d’autres pays. On a besoin que les savoirs circulent ».

Si l’aspect technique est un point fondamental de l’adaptation au dérèglement climatique, il n’est pas suffisant sans travail d’éducation populaire et de plaidoyer pour une circulation libre des savoirs, des technologies et des personnes. L’accueil des personnes en situation d’exil était également une thématique importante de l’évènement. Dans l’atelier « coopération entre les organisations de biodiversité cultivée et les communautés migrantes », les problématiques concrètes de l’accueil de migrants dans les fermes, les enjeux administratifs et les difficultés qui peuvent se rencontrer dans des contextes interculturels ont été abordés. Plusieurs communautés Emmaüs, A4, Eko et Let’s Liberate Diversity étaient présents pour aborder les questions suivantes : comment travailler en prenant en compte les rapports de domination ? Comment penser la transmission sans être dans des rapports descendants ? Comment intéresser les personnes accueillies, parfois très éloignées du milieu agricole, aux problématiques agricoles et semencières ? Si les personnes accueillies étaient peu représentées, les accueillants ont pu exposer les difficultés surtout administratives, mais également culturelles, liées à l’accueil.

 

En dehors de l’aspect technique et de la thématique de l’accueil, les semences paysannes ont aussi été présentées comme des objets culturels important lors de l’atelier « les semences vectrices d’échanges en situation d’exil ». La ferme de Buzuruna Juzuruna du Liban est venue présentée son travail de préservation de graines notamment issues des zones de guerre afin de garder un lien avec sa terre d’origine en situation d’exil. Cet atelier a montré que les semences peuvent, dans une situation d’exil/d’accueil (en fonction du point de vue adopté), être vectrices d’échange, de solidarité, d’intégration et permettent de refléter la richesse des connexions entre différentes cultures. Cet atelier était également l’occasion de rappeler l’enjeu qu’il y a à faire sortir les semences qui sont uniquement préservées dans les banques de semences européennes et que celles-ci doivent retourner dans leur pays d’origine ainsi qu’aux paysans et aux paysannes qui préservent les cultures.

 

Vergers du monde a également proposé un atelier intitulé « des graines et des humains ». Cet atelier ludique où il s’agissait de faire deviner des graines grâce à nos différents sens (vue, toucher et odorat) a permis de témoigner de l’importance vitale de la circulation des semences et des personnes. Des personnes d’horizons variées ont pu évoquer ce qu’une odeur évoquait, partager des recettes et des soins en lien avec les graines proposées. Cet atelier était également une invitation à reprendre conscience de l’importance des semences pour une alimentation saine et équilibrée.

Ce fut une semaine riche en rencontres, échanges et apprentissage qui confirment la vision de Vergers du monde : les savoirs paysans sont essentiels à une agriculture saine et respectueuse de la biodiversité. Ils sont à préserver, à diffuser et à valoriser afin que leurs praticiens puissent en vivre et nous nourrir. La circulation des personnes et des savoirs et essentielles à une biodiversité cultivée riche et nourricière.

 
Précédent
Précédent

Le festival de Ramman, célébration ancestrale au cœur de l'Uttarakhand

Suivant
Suivant

Deux jours avec le consortium de la quarantina en Ligurie, Italie