Observer la lune du bout de la Terre : les leçons du Maramataka

calendrier lunaire ancestral
 

En Nouvelle-Zélande, bien avant l’arrivée des colons britanniques, les Māori s’appuyaient sur un calendrier lunaire complexe : le Maramataka. Bien plus qu’un outil agricole, c’est un système d’organisation du temps profondément ancré dans l’observation de la nature.

 

Un calendrier lunaire, mais pas seulement

Le mot Maramataka signifie littéralement « le cycle de la lune ». Mais ce calendrier est bien plus qu’une suite de nuits. Il organise le temps selon les phases lunaires, bien sûr, mais aussi en lien avec l’observation des marées, du vent, de la floraison, du comportement des oiseaux, des poissons ou encore de l’humidité du sol.

Chaque nuit (ou groupe de nuits) du mois porte un nom spécifique – par exemple Whiro, Tamatea, Rākaunui, Mutuwhenua – et une signification qui indique si c’est un bon jour pour semer, récolter, pêcher, célébrer ou, au contraire, se reposer, méditer, attendre.

🌀 Whiro (nouvelle lune) : énergie faible, jour à éviter pour les décisions importantes ou les plantations.
🌱 Hōkū : bon moment pour semer les graines qui germent vite.
🌕 Rākaunui (pleine lune) : énergie intense, favorable aux récoltes et aux rituels collectifs.
🌿 Tangaroa a mua / Tangaroa a roto / Tangaroa kiokio : trois jours très fertiles pour planter, pêcher et multiplier les semis.

 

Une sagesse agricole et cosmique

Le Maramataka n’est pas un outil figé, mais un art d’observer. Il s’adapte à chaque région, à chaque microclimat, à chaque forêt ou vallée. Le savoir se transmet oralement, à travers l'expérience, le dialogue entre générations et l’attachement à un lieu.

C’est une forme d’agriculture relationnelle, où la terre, la mer, le ciel et les humains sont liés dans un équilibre fragile. Le Maramataka invite à ralentir, à écouter la vie autour de soi, à cultiver en lien avec les rythmes du vivant plutôt que de les contraindre.

Il est aussi un calendrier spirituel. Il indique les meilleurs jours pour les réunions collectives, les rituels, les soins du corps ou de l’esprit. Il est l’un des nombreux exemples de systèmes de connaissance autochtones que la modernité a longtemps relégués dans l’ombre, mais qui reviennent aujourd’hui au cœur des réflexions écologiques et décoloniales.

 
Quechuas

Des résonances avec d’autres territoires

À travers les projets de Vergers du Monde, nous avons souvent rencontré des savoirs similaires. En Afrique de l’Ouest, certaines communautés mandingues observent la lune avant chaque plantation de mil. En Amérique du Sud, les Quechuas suivent les cycles lunaires et stellaires pour organiser les semis. En Provence, les paysans évoquent encore la « lune montante » ou « descendante » pour jardiner.

Le Maramataka nous rappelle que ces savoirs sont pluriels, vivants, et profondément enracinés dans les territoires. Il n’existe pas un seul calendrier lunaire mais des dizaines, adaptés à chaque contexte, qui permettent de penser un rapport non-extractif à la nature.

 

Cultiver avec la lune, ici et ailleurs

Chez Vergers du Monde, nous avons souhaité créer un guide pratique qui rende hommage à cette diversité. Un guide pour cultiver avec la lune, en s’inspirant de ces savoirs paysans, ici et ailleurs.

📖 Vous y trouverez :

  • des exemples de calendriers lunaires traditionnels (Māori, sahéliens, japonais, européens...),

  • des explications sur les phases lunaires et leurs effets,

  • des conseils concrets pour adapter ces cycles à votre potager ou jardin urbain,

  • des témoignages de femmes et d’hommes qui perpétuent ces gestes, parfois sans le savoir.

 
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