Les forêts de théiers de Jingmai

 

En plein cœur de la province du Yunnan, en Chine, les anciennes forêts de théiers de la montagne Jingmai, récemment inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, représentent un modèle unique d’harmonie entre l’homme et la nature. Avec plus d’un million de théiers centenaires et un héritage culturel profondément enraciné, elles incarnent l’interaction entre traditions agricoles et biodiversité, une source d’inspiration universelle.

 

Une montagne façonnée par le thé et ses habitants

La montagne Jingmai s’étend sur 1 870 hectares, où plus d’un million de théiers anciens cohabitent avec des forêts primaires, des villages traditionnels et des cultures en terrasses. Les théiers les plus vieux, âgés de plus de 1 400 ans, témoignent d’une pratique agricole transmise de génération en génération. Les communautés locales – Bulang, Dai, Hani, Wa et Han – ont su adapter la culture du thé aux particularités écologiques de la région, en intégrant harmonieusement les plantations dans les écosystèmes naturels.

Ces communautés ont découvert, il y a des siècles, les propriétés médicinales des théiers sauvages dans la forêt. Avec le temps, elles ont domestiqué ces arbres, créant des jardins intercroisés, où les théiers sont entourés d’autres espèces végétales. Ce modèle, encore pratiqué aujourd’hui, protège les sols, limite les besoins en engrais chimiques et favorise la biodiversité.

Photo © Justin Jin

 

Le thé Pu'er : une tradition millénaire

Le thé produit sur la montagne Jingmai est le célèbre thé Pu'er, apprécié pour ses arômes floraux et sa capacité à se bonifier avec le temps.

  • Récolte : les feuilles sont cueillies à la main, un savoir-faire qui exige précision et attention.

  • Transformation : le thé Pu'er passe par une fermentation lente, donnant naissance à des galettes de thé compressé. Ce processus, unique en Chine, permet au thé de développer des saveurs complexes et de gagner en valeur au fil des années.

  • Commerce et patrimoine : le thé Pu'er est l’un des produits agricoles les plus emblématiques de la Chine, mêlant économie locale et patrimoine culturel.

 

Un paysage culturel reconnu par l’UNESCO

L’inscription des forêts de théiers de Jingmai au patrimoine mondial en 2023 souligne leur valeur universelle exceptionnelle. En tant que première « paysage culturel du thé » à être classé, Jingmai incarne un modèle d’agriculture durable et de coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature.

Cette région reflète également l’importance spirituelle du thé dans la culture chinoise, intégrant des influences du bouddhisme, du taoïsme et du confucianisme. Les rituels autour du thé, encore pratiqués aujourd’hui, mettent en lumière le rôle du thé comme vecteur de transmission culturelle, reliant les générations et les communautés.

 

Les défis et opportunités de la préservation

Préserver cet écosystème unique nécessite un équilibre délicat entre développement et conservation. Des réglementations spécifiques, comme les Puer City Regulations on the Protection of Ancient Tea Trees, ont été mises en place pour garantir la pérennité des forêts tout en soutenant les moyens de subsistance des habitants. Les villages environnants, grâce à des initiatives comme les coopératives agricoles ou le tourisme lié au thé, participent activement à la valorisation de ce patrimoine.

Photo © https://www.teavivre.com/info/overview-of-jingmai-tea-area.html

 

Les forêts de théiers de Jingmai offrent une leçon universelle : la richesse agricole repose autant sur l’innovation que sur la préservation des traditions. Ces paysages montrent qu’il est possible de concilier production agricole, respect de la biodiversité et transmission culturelle.

 

Pour aller plus loin : site de l’UNESCO

 
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