Atelier Graines du monde : entre savoirs et cultures

 

Lors de l’atelier Graines du monde animé par Vergers du Monde, plusieurs échanges entre agriculteurs sahéliens ont mis en lumière des savoirs agricoles d’une richesse étonnante, notamment autour des associations de cultures. Ces pratiques, issues d’une observation minutieuse de la nature et transmises à travers les générations, ne se limitent pas seulement à des techniques productives : elles racontent une histoire, celle d’une relation intime entre l’homme et son environnement.

 

L’association maïs-niébé-gombo : une harmonie végétale

Parmi les savoirs partagés, les agriculteurs ont décrit en détail l’association du maïs, du niébé (haricot) et du gombo. Cette combinaison repose sur une synergie naturelle entre ces trois plantes :

  • Le maïs, plante haute, sert de tuteur et fournit de l’ombre.

  • Le niébé, une légumineuse, enrichit le sol en azote et s’étale autour des tiges de maïs, offrant une couverture végétale précieuse.

  • Le gombo, robuste et résistant, pousse à la volée ou en poquets, protégeant le sol et offrant un légume prisé, particulièrement dans la cuisine sahélienne.

Les agriculteurs ont également insisté sur l’importance des détails : combien de graines par trou (ou "poquet"), à quelle distance espacer les cultures pour que chacune bénéficie de suffisamment de lumière et d’espace, et à quel moment récolter pour garantir la qualité des produits. Ces savoirs pratiques illustrent une agriculture basée sur l’observation fine et l’adaptation aux contraintes climatiques.

 

Le rôle des gestes et des récits dans la transmission des savoirs

Un autre aspect fascinant de l’atelier réside dans la manière dont ces savoirs sont transmis : par les gestes, les échanges et les anecdotes. Les participants sahéliens ont montré comment planter, avec des démonstrations précises, notamment sur la manière de couvrir les graines avec du sable ou de creuser des canaux pour gérer l’eau.

Une anecdote marquante a été partagée par l’un des agriculteurs : dans son village, on cultive parfois le maïs dans des champs inondés, malgré les risques liés à la présence de crocodiles. Ces récits, bien plus que des anecdotes, soulignent les conditions extrêmes dans lesquelles ces techniques agricoles ont été perfectionnées.

 

La résilience des semences locales

Au-delà des associations de cultures, les échanges ont également porté sur les semences locales, comme le millet, le piment ou les variétés de tomates adaptées aux sols pauvres et aux faibles précipitations. Les agriculteurs ont partagé leurs méthodes pour conserver ces semences d’une année sur l’autre, un savoir essentiel pour garantir la continuité des cultures face aux aléas climatiques.

Par exemple, le piment, cultivé en tranchées ou en pots, est une culture particulièrement résiliente. Les graines sont soigneusement extraites des fruits, séchées au soleil, puis plantées de manière stratégique pour éviter la concurrence entre les plants.

 

Un dialogue entre pratiques locales et globales

Ces échanges rappellent que les pratiques agricoles sahéliennes ne sont pas isolées : elles entrent en résonance avec des techniques similaires pratiquées ailleurs, comme les "trois sœurs", ou Milpa, en Amérique du Sud ou les jardins intercroisés en Asie du Sud-Est. Ces systèmes agroécologiques reposent sur des principes communs : la complémentarité des plantes, la gestion durable des sols et la valorisation des savoirs locaux.

Les ateliers Graines du monde ne sont donc pas seulement des espaces de transmission technique, mais des lieux de dialogue, où des savoirs intemporels et universels circulent, s’enrichissent et se partagent. À travers ces rencontres, on découvre que l’agriculture, au-delà des frontières, est une histoire collective, portée par les hommes, les femmes et la terre qu’ils cultivent.

 
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