Les savoirs des plantes racontés par les femmes migrantes
A travers le monde, les femmes sont détentrices des savoirs liés aux plantes et de leurs usages médicinaux, culinaires ou encore rituels. Dans le cadre d’une série d’ateliers dédiés aux savoirs ethnobotaniques des femmes migrantes, Vergers du Monde a organisé un deuxième atelier à Nevers avec le dispositif AGIR, réunissant des femmes exilées venues de divers horizons. L’objectif reste le même : identifier et valoriser ces savoirs, favoriser les échanges culturels et offrir un espace d’expression où chacune peut partager son expertise et ses souvenirs liés aux plantes.
Nous avons présenté quatre plantes connues pour apaiser les crampes menstruelles dans l’optique de les identifier et de les déguster ensemble : les feuilles de framboisier, la sauge, le curcuma et le khamare (aussi connu sous le nom de congoli ou vétiver selon les régions du monde).
Nous avons commencé l’atelier par un brise-glace où chaque femme était invitée à dire son pays d’origine et une boisson traditionnelle.
L’Afghanistan, la Côte d’Ivoire, le Mali, la République Démocratique du Congo, le Sénégal, la Sierre Leone et la Tunisie étaient représentés.
Après les présentations, nous avons fait deviner chaque plante une par une. Toutes les femmes d’Afrique de l’Ouest ont reconnu le khamare à qui elles donnent des noms différents (congoli ou vétiver) ou pas de nom du tout. Le khamare est connu pour apaiser les maux de ventre et notamment les douleurs menstruelles. Le curcuma a aussi été reconnu par presque toutes les femmes. En revanche, aucune ne connaissait le framboisier et la sauge.
Tout le long de cette discussion, des remèdes ont été partagés (attention, cet article ne remplace pas un avis médical) :
Pour les problèmes de fertilité, les femmes et les hommes d’Afrique de l’Ouest consomment des infusions du fruit 4 côtés.
Pour les problèmes de constipation, il faut s’assoir sur des vapeurs d’infusion de djeka et de clou de girofle.
Pour la grippe, ce sont les infusions aux clous de girofle, citronnelle et curcuma qui sont conseillées, ou les inhalations d’eucalyptus.
Alors que nous devions parler des douleurs liées aux règles, on a vite élargi le sujet tant les vertus des plantes sont riches et les connaissances des femmes importantes. Loin de chez elles, ces femmes ont eu l’occasion de parler de ce qu’elles connaissent, ce qu’elles savent, ce que leur ont transmis leur mère.
« C’est un bonheur de partager quelque chose qu’on sait. Quand on partage nos savoirs, on vous donne quelque chose. Et ça m’a fait plaisir. Je ne me sentais pas très bien, mais je suis contente d’être venue »
C’est aussi l’occasion d’un échange multiculturel. Ne connaissant pas la sauge et le framboisier, elles ont voulu apprendre toutes les vertus liées à ces plantes et où les trouver.
« Nous africains, on pense que les occidentaux vous avez la médecine, mais vous ne connaissez pas les plantes. Quand on m’a parlé de l’atelier, j’étais surprise que de voir que des français allaient nous parler de plantes. »
Après la dégustation des quatre infusions, l’atelier a pris fin. Les accompagnatrices et les participantes ont demandé à ce que cet atelier soit reproduit et qu’on prévoit plus de temps pour échanger. Si les participantes étaient heureuses de partager leurs connaissances, elles ont également manifesté leur envie d’en savoir plus sur les plantes qu’on trouve en France. L’idée est plantée de créer un jardin d’herbes aromatiques d’ici et d’ailleurs grâce aux savoirs de toutes ces femmes…
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