Les maisons-ruches des Dorze
Au cœur des hautes terres du sud de l'Éthiopie, dans la région de Chencha, le peuple Dorze perpétue un art de bâtir unique, façonné par des générations de tisserands et de bâtisseurs. Leurs habitations, reconnaissables à leur silhouette élancée en forme de ruche, sont bien plus que de simples abris : elles incarnent une harmonie profonde entre architecture, écologie et culture vivante.
Une architecture 100 % organique
Les maisons Dorze sont construites presque exclusivement à partir de matériaux locaux et renouvelables : bambou, feuilles d'enset (faux bananier), herbes, bois et parfois paille. Le bambou est fendu, aplati, puis tissé autour de poteaux verticaux pour former une structure souple mais résistante, comparable à un immense panier. Les feuilles d'enset, quant à elles, servent de couverture extérieure, assurant une isolation naturelle contre la pluie et la chaleur.
La construction, réalisée par des artisans spécialisés, exclusivement des hommes, mobilise trois à quatre personnes pendant environ deux semaines pour une maison de 5 à 6 mètres de diamètre. Le propriétaire participe souvent en coupant le bambou et en transportant les matériaux afin de réduire les coûts.
Une forme pensée pour durer
Ces habitations peuvent atteindre jusqu'à 9 mètres de hauteur. Cette élévation n'est pas seulement esthétique : elle permet à la maison de "rétrécir" avec le temps. En effet, les termites et l'humidité attaquent progressivement la base de la structure. Lorsque cela se produit, la maison peut être soulevée et déplacée sur une nouvelle fondation, prolongeant ainsi sa durée de vie, qui peut atteindre jusqu'à 60 ans.
Un espace de vie multifonctionnel
Des pays comme le Guatemala, le Honduras et le Nicaragua continuent d’appliquer les principes des Chinampas pour créer des jardins flottants et cultiver en bordure de lacs. À Cuba, ces techniques sont également utilisées pour la production de légumes et de fruits tout en préservant l’équilibre écologique local.
Un patrimoine en mutation
Malgré leur ingéniosité et leur durabilité, ces maisons traditionnelles tendent à disparaître, remplacées par des constructions rectangulaires en terre avec des toits en tôle. Ce changement est souvent motivé par des considérations pratiques et économiques, mais il entraîne également la perte d'un savoir-faire ancestral et d'une relation intime avec la nature.